Courriel envoyé le 2 mars à la Bourgmestre et au Responsable du Plan d’Urgence de la Ville. Ce courriel fait suite à la rencontre « café radioactif » organisée dans le cadre du Tour des Cafés à Ottignies-Louvain-la-Neuve, organisation coordonnée par le Centre Culturel d’Ottignies.
Chère Julie Chantry, cher Jiman Shahbandi,
C’est à titre tout-à-fait personnel que je vous écris. Je suis Thierry Bourgeois qui ai animé le café radioactif avec Laetitia (en copie de ce mail).
Encore une fois, je tiens à vous remercier d’avoir été présents, ainsi que pour votre serviabilité. Mme Chantry pour le souci de nous avoir appelés une heure avant pour être sûre que nous avions pu entrer dans la salle et le suivi pour l’informatique, M. Shahbandi pour s’être décarcassé pour que nous puissions, si besoin, imprimer un document.
Cependant je tiens aussi à vous faire savoir que je suis très déçu parce que j’ai besoin de réponses constructives et de reconnaissance. Tout d’abord, j’aurais, je vous l’avoue, apprécié que Laetitia et moi recevions ne fut-ce qu’un simple merci pour le travail que nous avons fourni, travail important en terme de temps, d’énergie et d’impact sur la vie de tous, et entièrement bénévole.
Sinon, dans un domaine moins émotionnel et purement objectif, j’ai donc appris qu’il n’y a aucun plan d’urgence pour la commune en cas de catastrophe atomique. Or ma présentation (Presentation Cafe Radioactif) n’a aucunement été remise en question. Nous courons donc un risque probable, c’est un fait, de connaître une catastrophe nucléaire dans une centrale voisine et d’être touché par les retombées radioactives.
Lorsque nous venons avec des propositions concrètes, comme par exemple distribuer de l’information dans les écoles, ou informer la population au sujet des mesures à prendre en terme de confinement et d’évacuation, nous ne recevons aucun écho favorable.
Pour ce que j’ai retenu et compris, vous avez dit, en substance : « face à une catastrophe atomique, on ne peut rien faire, donc on ne fera rien. Une catastrophe nucléaire majeure est ingérable. »Pour ce que j’ai compris, votre impression est d’avoir les mains liées par le fédéral. Pourtant la bourgmestre est responsable de la sécurité des habitants de la commune. Pourquoi avoir rejeté comme impossible la proposition que notre commune soit la première à proposer un plan d’urgence nucléaire? Auriez-vous peur de faire paniquer la population?
Peut-être avez-vous été sous le choc des informations que je vous donnais. Voir les images de l’étude Flexrisk pour la première fois, c’est très dur. Se rendre compte que le plan fédéral est dérisoire l’est tout autant.
Je vous avoue que j’avais beaucoup d’espoir pour cette rencontre. Je m’attendais, grâce à votre présence, à ce qu’au minimum on décide de travailler ensemble à la conception d’un plan d’urgence. Comme je l’ai répété à plusieurs reprises :
Une population informée, prête à se confiner en connaissance de cause, à évacuer et prévoir cette évacuation, sera moins sujette à la panique et collaborera mieux avec les autorités. C’est un atout majeur pour une bonne gestion de la crise.
Sinon quoi? On ne fermera sans doute pas tous les réacteurs en 2025. Les réacteurs français seront en activité encore longtemps. Tant que cette épée de Damoclès sera pendue au-dessus de nos têtes rien ne sera prévu pour la population en cas de catastrophe, si ce n’est de peu utiles pastilles d’iode? Les gens n’auront qu’à paniquer et mourir dans l’absence totale de prise de responsabilités des autorités?
Je me sens triste, déçu et même en colère que mes besoins fondamentaux et légitimes, échos de ceux de toute une population, n’aient pas été rencontrés. Philippe Delvaux (en copie de ce mail) vous en parlera sans doute, nous avons développé une bonne relation depuis le travail sur la motion, il m’a demandé des nouvelles et je lui en ai donné. J’aurais besoin d’un retour plus constructif de votre part et de pouvoir cultiver l’espoir que peut-être, on prévoira quelque chose pour que dans notre commune au moins, on ne laisse pas les gens tomber si cela arrive. Que ce soit nous qui subissions les retombées, ou que nous devions accueillir des « migrants de l’atome ».
J’aime ma commune. Commune hospitalière, commune fleurie, commune avec un vrai plan d’urgence rôdé (pour les urgences normales), commune à majorité Ecolo, de gauche et humaniste, commune où je peux avoir un contact avec les élus,… Je souhaite que cette commune prenne soin de ses habitants, même en cas de catastrophe « ingérable ». Il y a toujours quelque chose à faire. Bien plus de gens ont survécu à Nagasaki qu’à Hiroshima, car de l’information avait déjà circulé et les gens connaissaient quelques mesures à prendre.
Grand merci de m’avoir lu jusqu’au bout. J’espère une réponse rapide.
Bien à vous,
Thierry Bourgeois
http://libresdelatome.unblog.fr/
PS : en pièce jointe, je vous mets mon diaporama de présentation ainsi que le document « confinement-évacuation » ( Confinement – Evacuation).
2 mars 2019
Politique, Société